Qui l’eût cru ? L’article Quand et par qui a été supprimée la taxe sur les chiens ? de juillet 2021, l’un des plus populaires en nombre de lecteurs soit dit en passant, a inspiré la rédaction du site du Figaro… C’est un immense honneur !
Tout a commencé sous un temps de chien, où la pluie tombe plus vite que les recettes dans les caisses de l’Etat. Il faut trouver des milliards, au moins 60, et les rédactions, d’habitude si enclines à se gausser du talent des pouvoirs publics pour inventer de nouveaux impôts, ont décidé de les aider… Ou plutôt de pointer leur museau en direction de pays qui recouvrent des taxes qui n’existent pas (ou plus) dans le code général des impôts.
Et paf le chien ! Tous les médias, de France Info à Midi Libre, de BFM TV à La Voix du Nord, de TF1 Info aux Echos, ont décrit par le menu la taxe sur les chiens en application en Allemagne et en Suisse. C’est ainsi que les communes allemandes ont recouvré un total de 420 millions d’euros en 2023 au titre de cette taxe. D’après RTL, cette taxe a pour objectif de responsabiliser les propriétaires, car un animal implique des engagements sur le long terme. Il y a aussi la question de la sécurité des passants, et la taxe permet justement d’identifier les propriétaires d’animaux potentiellement dangereux.
Jamais cette station de radio n’aurait dû aller aussi loin dans les explications, car fatalement cela donne des idées… Voyons, les chats ont tout aussi besoin que les chiens d’un engagement de long terme de la part de leur propriétaire, alors pourquoi pas une taxe sur leurs moustaches ? La sécurité des passants ? Combien cela rapporterait-il une taxe de 50 € par trottinette tous les ans ?
Mais je m’égare… Le but de l’article n’est pas celui-là, les parlementaires auront à cœur « d‘améliorer » le budget du gouvernement BARNIER ces prochaines semaines.
Non, cet article a pour but de vous dire ma fierté d’avoir inspiré Le Figaro, comme je vous l’ai dit en introduction. Car non contents d’évoquer cette taxe sur les chiens chez nos voisins, les médias ont bien entendu conclu leur article ou leur chronique en rappelant la situation française en la matière : la taxe sur les chiens a été supprimée en 1971. Et c’est peut-être là, au stade de la conclusion, que certains journalistes se mettent à renifler une information en plus, pour tenter de se démarquer dans un univers où tout le monde copie tout le monde. Ayant mon article Quand et par qui a été supprimée la taxe sur les chiens ? en tête, je n’ai pu voir que des similitudes avec la fin de celui du Figaro du 15 octobre 2024, dont voici un extrait :
C’est Valéry Giscard d’Estaing, ministre de l’Économie et des Finances qui a aboli ce prélèvement qui rapportait quelque 600.000 francs (environ 711.000 euros actuels). «Je souhaite que le vote de ce texte, qui retire aux chiens leur qualité de contribuables, soit salué par des aboiements joyeux dans tous les chenils de France», déclamait alors le futur président de la République.
Comment être sûr que l’auteur s’est inspiré du blog cvotrefiscalite.fr ? Il y a deux éléments majeurs :
Premièrement, l’extrait du journal officiel (JO) relayant les propos de Valéry Giscard d’Estaing est introuvable sur internet. Pour tout vous dire, je l’ai retapé en intégralité dans le corps de mon article, à la virgule près, en ayant sous les yeux un vieux livre de fiscalité de la fin des années 80… Je me demande donc comment le journaliste a pu le trouver en quelques heures…
Deuxièmement, non seulement l’auteur cite la blague de Valéry Giscard d’Estaing qui conclut l’extrait du JO (la joie dans les chenils), mais il exploite d’autres éléments dudit extrait, en écrivant que cette taxe avait rapporté 600 000 francs. Cela confirme qu’il n’a pas trouvé que la seule blague de l’ancien président de la République, comme dans un livre de citations, mais il a eu accès à l’ensemble de l’extrait du JO… Là, je prouve qu’il a lu trop rapidement l’article sur son écran, sans prendre soin de l’imprimer pour mieux l’analyser. 600 000 est bien un nombre cité par Valéry Giscard d’Estaing, mais c’est le nombre de chiens imposés en France, sans doute en 1970. La taxe avait rapporté en réalité 3,5 millions de francs, toujours selon cet extrait. Le journaliste s’est donc pris les pieds dans le tapis et se gamelle…
Pour moi, le journaliste du Figaro a clairement repris des informations de mon article… J’espère que cette démonstration est convaincante pour vous et que vous vous dites que vous avez trouvé un blog sur la fiscalité sérieux et inspirant ! En tout cas, n’hésitez pas à laisser un commentaire pour donner vos impressions !
Pour terminer cet article, il me reste deux choses à faire : une correction à apporter à l’article du Figaro (1) et une blague (2).
(1) si 600 000 francs de 1971 représentent 711 000 euros actuels, alors je vous donne cette information qu’aucun autre média ne vous a donnée : 3,5 millions de francs de 1971 représentent 4,15 millions d’euros actuels, compte tenu de l’érosion monétaire due à l’inflation. Bref, des croquettes pour notre déficit.
(2) J’ai bien peur que la meute se délecte de ce montant de 600 000 francs… Le quotidien champenois L’Union vient de copier Le Figaro avec son article publié sur son site il y a 5 heures :
En France, cette taxe a déjà existé. Sous Napoléon III, il s’agissait d’un impôt municipal qui variait de 1 à 2 francs selon la taille de l’animal. En 1971, le ministre de l’Economie et des Finances, Valéry Giscard d’Estaing, a supprimé cette taxe qui rapportait alors 600 000 francs.
Puisque tout le monde se copie, il n’y a rien d’étonnant… mais en matière d’informations il serait utile de flairer la bonne piste !
Fiscalement votre.
Bravo !
Un grand merci pour votre soutien !
Toutes mes félicitations à l’auteur de cet article pour sa pertinence et son humour.
Le vieux livre de fiscalité des années 80 serait-il un manuel écrit par le regretté professeur Maurice COZIAN ?
Le député Aymeric CARON, loin de vouloir taxer les chiens (et chats), voudrait un crédit d’impôt en faveur de leur maître. Encore une niche fiscale … !!!
Je conseille à l’auteur de cet article de poursuivre dans la voie de l’ humour. Il possède un véritable talent de chansonnier avec un esprit raffiné. On est bien loin des prétendus humoristes à l’humour lourdingue et graveleux …
Cher Chartreux,
Je vous remercie pour vos compliments et votre soutien.
Le vieux livre de fiscalité que j’évoque dans mon article n’a pas été écrit par le professeur Maurice COZIAN. Il est vrai qu’il aimait dénoncer ou se moquer de certains dispositifs fiscaux « baroques ».
Le ton de l’humour est finalement celui de la bonne pédagogie. Le députe Aymeric CARON, dans une vidéo célèbre, a défendu l’idée qu’il ne fallait pas tuer les moustiques. Pourquoi ne propose-t-il pas un crédit d’impôt de 50 € pour chaque bouton de moustique dont pourrait se prévaloir tout contribuable entre le 1er juin et le 30 septembre de chaque année, afin d’aider à la défense de ces charmantes bestioles ?
Pourquoi pas une taxe sur les parapluies ? Ou alors pourquoi ne pas doubler la TVA sur les parapluies en portant le taux de 20 à 40 % ?
Mais on voit bien les limites en cas de sécheresses à répétition ? Il faudrait alors s’intéresser à une taxe sur les arrosoirs … Et prévoir de lourdes sanctions pour les contribuables qui délaisseraient les arrosoirs au profits des bouteilles en verres ou en plastique …
Oui la fameuse taxe sur les parapluies mérite sa place sur ce blog. Je vais la rechercher.
Pour ceux qui n’ont pas la référence, il s’agit d’une jolie parabole sur notre fiscalité.
Pour les sécheresses à répétition, j’avais pensé à une taxe sur les parasols, ça pourrait rapporter aussi !
Merci,
A bientôt